"Le XXIème siècle
Ere du paganisme high-tech
Progrès forcené, télévision et argent gouvernent, détruisent le monde
L'homme de ce XXIème siècle pousse à la lumière crue des rationalités
Coupé de la terre, coupé du ciel – corruption, rupture
Il vit dans l'illusion qu'il va finir par réussir à se substituer au pouvoir créateur divin, qu'il va percer le mystère de la Vie.
Homme fou, homme hors sol
Homme qui souille, détruit, irradie, anéantit la terre
Désastre d'un temps où les arbres, les animaux, les hommes mêmes, ne sont plus des « puissances » mais des ressources, des stocks, des marchandises ou des objets d'étude.
L'idéal chevaleresque a disparu dans le fracas des grandes guerres du XXème siècle
Dans le vacarme des automobiles
Dans le rugissement des mirages
Dans la brillance des écrans de télévision
Dans la virtualité d'internet
Pourtant...
Pourtant l'époque de la chevalerie était aussi brutale et sans pitié, aussi lyrique et incandescente que la nôtre!
L'homme hors sol tâtonne...
Parfois il meurt de s'enfermer dans des certitudes: celles des églises constituées, celles des discours manipulateurs des marchands
Ou bien il erre, toujours dans la quête inquiète et aléatoire de nouveaux modes d'être à lui-même et au monde
Graal Fiction
Les mythes sont tels des passerelles tendues sur le vide
Passage possible hors de la nuit définitive qui nous guette: Apocalypse
Les paroles anciennes sont telles les ombres incertaines, enfermées dans le silence des livres
Flottant autour de nous tels des bois de mer sur la grève au reflux de la marée,
Nous laissant libres d'inventer les chemins nécessaires pour tenir debout dans la tempête...
Que le fil ténu qui nous relie encore à notre ancienne humanité se rompe
Et il en sera fini pour de bon d'un temps où dieux, démons, hommes, animaux et peuple de Féérie dormaient dans le même lit du monde
Le mythe reste notre seule promesse de ré-enchanter ce monde
Le Conteur, lui, n'a que des mots, des images à lever
Sa parole coule, s'écoule, s'égare, se déroule, se casse, se murmure, se crie, se hurle, se chuchote
C'est ainsi qu'il travaille à garder les passages ouverts
Après... que chacun aille là où il veut... comme il veut..."
ALAIN LE GOFF